L’image — 30 août 2017

L’image, elle est léchée. Glacée. Mate. Agrandie. Laminée ou encadrée. Exposée ou cachée. En noir et blanc ou en couleur.
L’image, c’est le soi projeté, celui que l’on contrôle ou que l’on ne contrôle pas, la pensée d’autrui que l’on ne saisit pas.
L’image, c’est le moi dans la tête de l’autre. C’est ce qu’il pense et que je n’envisage pas. C’est son point de vue fait de fragments choisis. C’est une mosaïque incomplète qui lui fournit des réponses.
L’image, c’est la photo d’un instant. C’est la vérité d’un seul clic. C’est la beauté ou la laideur. C’est le cadre posé sur une réalité déjà déformée.
L’image, c’est la distorsion. C’est le choix des couleurs. Une perte de sens dans une construction sémantique.
L’image, elle est déjà faussée dans sa reproduction. Elle est déjà délavée, déjà effacée, déjà pervertie.
L’image, c’est l’illusion au lieu de l’illumination. C’est la fixité malgré la course effrénée. L’image, c’est la seconde dérobée qui finit par rester.
L’image, c’est une lunette de lecture. La ressemblance et la différence. Le miroir au soleil aveuglant. L’image, c’est la surface ondoyante d’un lac. C’est l’inversion du monde, le reflet des autres, l’inatteignable.
L’image, c’est moi, c’est toi, c’est ce que je ne suis plus. C’est le passé rétabli. La lumière disparue. C’est l’idée, la conception, le parfait et le divin.
L’image, c’est l’inatteignable. C’est la foi, l’idéation, la perfection. C’est le travesti et le trafiqué. C’est le rôle que je ne joue pas. C’est ce qui me précède. Me suit. Me façonne. C’est ce que tu penses de moi. C’est ce que tu voudrais que je sois. Mais que je ne suis pas.

Archives

Blogue ● Les mots inutiles

Hélène Bard

Écrivaine ● réviseure linguistique et stylistique ● Mentore littéraire

Hélène Bard

Écrivaine ● réviseure linguistique et stylistique ​● Mentore littéraire

Écrivaine ● réviseure linguistique et stylistique ● Mentore littéraire